Quand ça clash ...
Ma mère a donc pété les plombs.
En réalité, elle a réussi à
trouver un job bien plus intéressant que le poste qu'elle a
actuellement. Soucis : il est en banlieue parisienne, à plus de 600
bornes, et la garde de mon petit frère, 13 ans, risque de devenir
problématique, d'autant plus qu'il a le brevet à la fin de l'année et
qu'il vaudrait mieux qu'il finisse sa troisième dans son collége actuel.
Elle
avait donc prévu de faire l'aller-retour pendant les 2 ou 3 mois de
jonction et que mon autre frère (21 ans) garde le plus petit pendant la
semaine. Il y avait eu accord. Mais ma mère ne supporte pas que l'on ne
soit pas d'accord avec elle, bien plus qu'auparavant. Quand je lui
avais dit qu'il était impossible de discuter avec elle dans ses
conditions à elle (c'est à dire, je parle, tu acceptes ou tu fermes ta
gueule), elle m'avait répondu que, de toute façon, cela ne
l'intéressait pas de discuter sur d'autres bases que celle-ci et que
c'était à prendre ou à laisser.
J'ai avalé, dûrement, la pillule, et
je me suis dit qu'il valait mieux une mère conne et bornée qu'une mère
absente, que mes petits-enfants ne verraient pas cela, mais qu'ils
auraient besoin d'une grand-mère quand même. Bref, je me sentais prêt à
faire l'effort de ne rien dire qui puisse heurter sa sensibilité.
Mon
frère, lui, n'en a pas été capable. Quant le couperet de la censure est
tombé, il s'est emporté. Du coup, elle lui a dit que c'était pas la
peine qu'il vienne lui donner un coup de main. Ma mère reprend ce
qu'elle donne si on n'accepte pas ses régles : je crois que c'est la
définition du chantage, mais si je lui dis ça, je risque de ne plus
voir mon petit frère. Mon frère, le plus grand, est donc parti en
claquant la porte et en lui disant qu'il ne voulait plus jamais la
revoir.
Comment a-t-elle réagi ? Elle m'a appelé, m'a engueulé,
presque insulté, a déclaré qu'elle foutait son appart en vente le
lendemain et qu'elle ne voulait plus jamais nous voir de sa vie, et
quand j'ai osé lui demander comment je devais prendre le fait qu'elle
se décharge sur moi de quelque chose pour lequel je n'avais rien à
voir, ça a repris de plus belle. J'ai tenté la conciliation, l'écoute
et la patience et tout ce que j'ai obtenu, c'est un raccrochage à la
gueule, plus tout un tas d'amabilités dont je me serais bien passé. Je
la rappelle un peu plus tard, je lui explique que je ne peux pas grand
chose, que mon frère est ce qu'il est, qu'elle aussi, que j'aimerai que
les choses s'arrangent, que j'accepte malgré tout sa censure et que si
elle veut, on peut repartir sur de meilleurs bases. Elle me raccroche
une nouvelle fois au nez.
Je me dis que j'ai fait mon maximum et que si le destin veut que je ne la voie plus, inch allah !
J'appelle donc mon frère, et il est très choqué. Je sens sa haine, je
sens ma haine dans sa voix, je sens toute la distance qui s'est creusé
entre lui et notre mère. Je ressens des choses qui remontent à
l'adolescence, où je m'en prenais plein la tête pour pas un rond, et où
lui était le fils modéle parcequ'il fermait sa gueule. Et quand il me
dit que je ne pouvais pas le comprendre, je lui ai bien fait sentir que
s'il y avait quelqu'un qui pouvait le comprendre sur cette Terre,
c'était bien moi. Je lui ai également dit de ne pas se fermer son
futur, de ne pas prendre de décision irrévoquable, car cela
s'apparentait plus à du sado-masochisme, étant donné que lui avait sa
vie devant lui, contrairement à ma mère. Je lui ai dit de prendre le
temps, mais qu'un jour viendrait où il aurait besoin de renouer, que
c'était inéluctable. Et que se fermer ce genre d'avenir à 21 ans,
c'était se tirer une balle dans le pied à long terme.
Probablement la discussion la plus cérébrale que j'ai eu avec mon frère. Comme quoi, dans tous malheurs, il y a du bon.
Ma
mère me rappela quelque minutes plus tard, en s'excusant et en me
disant qu'elle était prête à tenter le coup, qu'elle se sentait
d'essayer de reconstruire une nouvelle relation. Même si elle est
excessive et très injuste, je ne pensais pas qu'elle serait capable de
refuser mon offre. Il faut dire que je me plie à tous ses caprices,
alors c'est sûr que ça facilite la vie ... Mais même dans ces
conditions, elle a quand même eu besoin de réfléchir ...
Du coup, je me retrouve avec :
-un frère qui ne veut plus revoir sa mère après avoir été le "chouchou" pendant des années ;
-
un frère, le plus jeune, qui a 13 ans et qui va se retrouver à changer
pour la deuxième fois d'école en 1 an, mais surtout, qui va se
retrouver éloigné de son père et de ses frères d'une distance de 600 km
(qui deviendra-t-il ?) ;
- un père qui a ouvert les yeux sur la
nature de son ancienne femme, qui regrette et qui culpabilise ces
années de laisser-aller où il lui accordait une confiance pleine et
entière, qui s'inquiète beaucoup pour son dernier fils, mais qui est
sur la bonne voie pour s'en sortir
- une mère, qui accuse tout le
monde de s'être ligué contre elle, alors que c'est elle qui a pris la
décision de partir n'importe comment, une mère qui refuse toute
discussion mais qui en impose, une mère qui fait du chantage dés
qu'elle peut, qui ment et qui n'hésite pas à monter une partie de ma
famille maternelle contre nous.
Et moi, au milieu de ça, je ne peux m'empêcher de me dire que c'est fait, que je n'ai plus à me retrouver accuser de certaines choses sans pouvoir répondre, car ce qu'elle fait actuellement à son ancien foyer, elle me l'a fait toute mon adolescence. Je la déteste pour ce qu'elle fais, mais c'est ma mère, et je suis obligé de l'aimer pour ce qu'elle est. Toujours est-il que les 600 km de distance entre nous ne sont pas pour m'inquiéter, bien au contraire : cela va me soulager d'un sacré poids. Et maintenant, j'attends avec impatience le second volet de la trilogie : celui où elle va s'engueuler avec toute sa famille. Car ça aussi, c'est inéluctable.
Deuxième post. Je me sens mieux, j'ai extériorisé toute cette
douleur, ça va un peu mieux. Reste ce gros problème avec L. Faut dire
qu'elle n'arrange rien : elle ne prend pas soin de moi notamment. Par
exemple, après une soirée comme celle des coups de téléphone décrits
plus haut, elle ne va pas me faire le moindre petit câlin, la moindre
attention, et ne parlons même pas de sexe. Et alors que j'ai besoin de
réconfort, elle se braque. Elle m'a d'ailleurs déclaré récemment que
plus j'allais mal, moins elle avait envie de m'aider. Je vous promet
que quand la personne avec laquelle vous vivez depuis 6 ans, avec
laquelle vous projetez toute votre vie, vous dit ça, ça laisse des
traces.
Cela fait d'ailleurs deux semaines, et je n'ai toujours pas digéré ...